
Quand on pense au street art, on imagine quelque chose à observer : une fresque qui colore un quartier, une mosaïque qui nous surprend à un coin de rue, un geste artistique qui transforme l’espace urbain. Mais pour Invader, l’un des street artists les plus emblématiques de la scène internationale, regarder ne suffit pas. Son art se joue.
Invader a transformé les villes en un gigantesque jeu vidéo à ciel ouvert, où chaque mosaïque est un niveau à débloquer, un prix à conquérir, une pièce d’un archive collectif en constante expansion.
Flash Invaders : le street art dans votre poche
En 2014, Invader a lancé Flash Invaders, une application gratuite qui permet aux utilisateurs de “capturer” les mosaïques disséminées dans le monde. Il suffit de pointer son smartphone vers l’un des plus de 4 000 Space Invaders installés dans plus de 80 villes pour gagner des points et grimper dans un classement mondial aux côtés de milliers d’autres joueurs.
Ce n’est pas seulement un jeu : c’est aussi une façon de cartographier et d’archiver les œuvres, en les protégeant du temps et des vols. Chaque mosaïque scannée devient partie intégrante d’un registre numérique partagé, construit avec la communauté.
En pratique, Invader a transformé l’acte de voir en un geste participatif, où le public devient co-auteur de sa mémoire artistique.
Invasion Maps : des géographies alternatives
À côté du numérique, Invader a également créé les Invasion Maps, de véritables guides papier qui rassemblent les mosaïques de chaque ville. À la fois catalogues d’artiste, manuels de voyage et objets de collection.
En feuilletant une de ces cartes, une ville comme Paris, Rome ou Los Angeles n’apparaît plus comme nous la connaissons : elle devient un terrain de jeu urbain, un labyrinthe de pixels à découvrir. Chaque carreau est une histoire, un souvenir, un morceau de mémoire urbaine.
Gamification : de l’art au jeu (et retour)
Le génie d’Invader réside dans sa compréhension que le street art n’est pas seulement une image, mais une expérience. Avec Flash Invaders et ses cartes, il a appliqué les logiques du game design à l’art : scores, niveaux, défis, communauté.
Son art fonctionne comme un jeu vidéo collectif, où la véritable récompense n’est pas le score, mais la possibilité d’explorer les villes autrement, de regarder au-delà de la surface et de se sentir partie d’un récit partagé.
Mémoire digitale et communauté mondiale
L’art urbain est fragile : les mosaïques peuvent être arrachées, abîmées, oubliées. Mais grâce à la technologie, Invader a créé un archive vivant qui continue de croître et de se régénérer.
Chaque utilisateur qui joue à Flash Invaders, chaque collectionneur qui conserve une carte contribue à maintenir cette mémoire vivante. Ce n’est plus seulement l’œuvre d’un artiste : c’est un écosystème d’histoires, d’images et de souvenirs appartenant à une communauté mondiale.
Street art participatif, aujourd’hui et demain
Invader a poussé le street art au-delà du simple concept d’œuvre visuelle. Il l’a rendu participatif, interactif, ludique. Il a démontré que l’art pouvait dialoguer avec les logiques du jeu vidéo et du numérique sans perdre sa force poétique.
Dans un monde où l’art contemporain s’interroge sur son avenir — des NFT à la réalité augmentée — Invader a déjà trouvé sa réponse : chaque mosaïque est une pièce d’un jeu sans fin, une invasion qui ne s’arrête jamais.
Parce qu’avec Invader, ce n’est jamais game over. C’est toujours game on.


